Une soirée d'enfer
écrit par Matt Groening et Sam Simon
Qu’y a-t-il de plus classique que de débuter un épisode de notre série préféré dans la cuisine des Simpson lors d’une belle matinée en semaine ? Les scénaristes auront énormément eu recourt à cette façon de commencer les épisodes dans la saison 1. De un, cela facilite la tâche aux écrivains (ils n’ont pas à se crever les neurones pour trouver un début qui sera acceptable pour les téléspectateurs) et de deux, cela permet au téléspectateur de rentrer progressivement dans le moule de l’intrigue principale.
Cependant dans ce cas-ci, je suis prêt à dire que les quatre ou cinq premières minutes de cet épisode sont presque inutiles. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas trouvé ce début plaisant. Je m’explique.
Nous sommes en plein milieu de semaine, c’est le matin, et Marge semble être dépassé par toute la commotion qui règne dans la cuisine : Bart et Lisa filent à travers la porte en prenant de l’argent dans le sac à main de leur mère, Homer regarde sa montre et s’écrie en voyant qu’il est en retard pour son travail à la centrale (il a le temps pour prendre un café mais pas pour faire un bisou à sa femme avant de partir). En fait, Marge se sent également délaissé, comme si personne au monde ne se souci vraiment d’elle. Même Maggie décide de s’endormir lorsque la maison se fait vide.
Jusqu’ici, je pense qu’en tant que téléspectateurs nous pouvons comprendre ce que ressens Marge. Je dirais que ses sentiments de dépassement et de délaissement sont assez communs parmi les femmes et mères d’enfants.
Grâce à la radio (qui est encore allumé dans la cuisine), Marge entend le numéro du Dr. Marvin Monroe - ce psy qui essaye de résoudre les conflits familiaux – et décide de l’appeler. C’est évidemment à cause du Dr. Marvin Monroe que la colère va naître au sein de Marge. En écoutant le docteur, elle se rend compte qu’elle est ignoré et utilisé par son mari.
Ayant regardé le début de cet épisode attentivement et n’étant pas indifférent face à la situation, je rejoindrais plutôt le Dr. Marvin Monroe sur ce coup. Il a raison : Homer ignore complètement sa femme. Marge a tout à fait le droit d’être en colère. Sa colère est justifiée.
Attention, c’est ici où les scénaristes commettent une erreur pour moi. De son côté, Homer écoute soigneusement son ami Moe (et retiens tous ses conseils).
La colère de Marge semble avoir atteint le sommet des sommets lorsqu’elle attend devant la porte de sa maison (par exemple, nous voyons bien qu’elle n’a pas un comportement normal devant ses enfants). Mais, attention, hop, Homer frappe à la porte, offre des fleurs et des chocolats, une soirée, et l’affaire est réglée, n’en parlons plus. En moins de deux secondes, Marge retrouve une tenue toute à fait normal : dans les instants qui suivent, elle dit à Lisa qu’Homer dance comme un ange, elle l’appelle « mon choux » quand Mrs. Botts (la babysitter sonne à la porte).
Voilà, je trouve que les scénaristes ont un peu oublié le contexte dans lequel ils avaient plongé le téléspectateur. Voir Marge passer d’une horrible colère à une joie éclatante en si peu de temps a un effet bizarre sur moi. Ce n’est pas très réaliste mais je donne mon pardon aux scénaristes parce que cet épisode a été réellement le premier à être produit (après les Tracey Ulmans) et qu’ils avaient encore à peaufiner les traits de caractère des différents personnages de la série.
D’ailleurs, les desseins ne sont pas particulièrement bons dans cet épisode et se rapprochent plus des illustrations dans les « Tracey Ulmans ». Encore une fois, soyons vigilants dans nos propos ; le début de cet épisode n’est pas complètement raté. Les deux gags téléphoniques avec Bart sont quand même assez drôles, la discussion entre Homer et Moe au bar est bien exécutée, et puis ce moment chez le fleuriste reste amusant. J’adore voir les yeux d’Homer dans cette séquence. Son regard laisse à croire qu’il n’a rien à faire dans un tel magasin et qu’il n’y reviendra jamais.
Bon, abordons désormais les deux histoires principales. D’une part nous avons la soirée de Marge et d’Homer. D’autre part la soirée mouvementée de Bart, de Lisa et de Maggie.
Que dire de la première ? Eh bien, je trouve que les scénaristes ne se donnent pas beaucoup de marge avec laquelle travailler pour donner un résultat satisfaisant aux téléspectateurs. Qu’est-ce qu’on nous propose ? Le duo qui dîne, les amoureux en voiture et puis les amants dans une chambre d’hôtel… Mise à part deux petits gags qui m’ont fait sourire (celui où Homer dit au homard qu’il le retrouvera pour son dîner et celui où Homer se fait mal en entrant dans la chambre d’hôtel) l’humour n’est pas au rendez-vous. Mais ce qui me dérange encore plus, c’est de voir que cette histoire n’a aucun objectif réel… Les scénaristes ne semblent pas vouloir la mener quelque part.
La deuxième histoire avec la « baby-sitter » Botts est beaucoup plus divertissante. Chacun des enfants a un rôle à jouer : Lisa sera celle qui va s’occuper des coups de fils pour essayer de prévenir la police, Maggie sera celle qui sauvera frère/sœur, Bart sera celui qui tentera de piéger Botts en échouant etc.
S’il n’y a qu’une personne à qui les scénaristes ont donné de très bons traits de caractère dans cet épiosde, c’est à madame Botts, la « baby-sitter ». Le reportage à la télévision peint le portrait d’une femme qui est folle, dangereuse, armée et qui cherche à s’enrichir. Une ennemie parfaite pour les enfants Simpson.
La fin de l’épisode est bien trouvée. La séquence où Homer explique à Bart qu’il a dû relâcher madame Botts devant toutes les caméras de Springfield est assez amusante.
12/20