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L'anecdote du jour

Ce ne sont ni Danny Elfman (compositeur du générique) ni Alf Clausen (compositeur des musiques de la série depuis la saison 2) qui héritent de la musique du film, mais le célèbre Hans Zimmer.

Les Simpson à la TV

Aucune diffusion à venir.

Interview de Philippe Peythieu

Philippe Peythieu a bien voulu nous accorder une longue interview dans laquelle nous avons essayé d'en savoir un peu plus sur lui, bien sûr, mais aussi et surtout sur l'image qu'il a de la série. Il a également accepté d'enregistrer trois petits jingles avec les voix de Homer, Otto et Abraham ! Vous pouvez les écoutez dans la page Doublages.

The Simpsons Park : La plupart des fans ne vous connaissent que pour votre interprétation de Homer. Pouvez-vous brièvement nous raconter un peu votre parcours ?
Philippe Peythieu : Je suis comédien depuis 1976. J'ai fait beaucoup de théâtre dans la décentralisation. J'ai eu une compagnie avec Jean Grison qui a été subventionnée en 1981, le Théâtre OS, et avec laquelle on avait monté un spectacle qui avait marché pendant deux ans et qui s'appelait Monsieur, monsieur, monsieur d'après les textes de Jean Tardieu. Ensuite le doublage est arrivé en 1984-85. J'ai pu bénéficier d'un premier stage dans le cadre de la formation professionnelle, mis en place par l'A.F.D.A.S. (ndlr : Assurance Formation des Activités du Spectacle) et suite à ça j'ai travaillé assez vite. J'ai commencé par des petites choses comme des ambiances et petit à petit j'ai fait des choses un peu plus importantes et j'ai surtout bénéficié de la création de La Cinq, la chaîne de Berlusconi. à partir de ce moment-là il a fallu doubler au kilomètre du lundi au dimanche, même le soir. Je me suis retrouvé dans des séries comme MASH où j'ai doublé Alan Alda dans 250 épisodes, Chérif fait moi peur où j'ai interprété le personnage de Cletus. J'ai eu la chance d'avoir été à la bonne école parce que j'ai pu travailler avec des grands comédiens du dessin animé et qui ont maintenant disparu. J'ai redoublé avec Claude Joseph, Claude Nicot et Roger Carel tous les vieux dessins animés de la Warner qui sont passés au début de ça cartoon sur Canal+. J'étais jeune comédien et j'ai beaucoup appris avec ces gens-là, notamment au niveau de l'improvisation, de l'invention. C'était des parties de rigolades à n'en plus finir. Après il y a eu La loi de Los Angeles dans laquelle j'ai doublé pendant 7 ans Corbin Bernsen, un acteur que je double d'ailleurs encore aujourd'hui. Voilà ce sont les choses les plus marquantes que j'ai doublé à cette époque, ce qu'on appelait "L'âge d'or du doublage".

TSP : Donc avant cette période, le doublage n'était pas très développé.
PP : Non, il ne l'était pas parce qu'il y avait très peu de séries américaines. Il y avait surtout les grandes séries comme Dallas, Dynastie et Côte Ouest. à l'époque il y avait que 3 chaînes télé donc le doublage était circonscrit aux films et aux quelques séries prestigieuses et par conséquent il y avait très peu de comédiens de doublage. Moi, je suis arrivé à l'époque où le doublage commençait déjà à exploser. Il n'y avait pas Canal+ ni les chaînes du câble et satellite, et donc le volume de travail dans le doublage était très restreint, à l'exception des films qui sortaient mais là encore il y en avait moins qu'aujourd'hui.

TSP : Et puis les Simpson débarquent en 1990. Comment êtes-vous tombé dedans ?
PP : En fait je suis arrivé à la fin du casting qui d'ailleurs a été très exhaustif, beaucoup de comédiens y ont participé dont Michel Modo. Comme les productions françaises avaient de mauvais éléments pour le casting, comme par exemple de vagues dessins d'Homer avec un gros ventre et 3 cheveux, ils ont casté des gens plus âgés, dans la tranche des 60 ans, ce qui fait que les américains disaient toujours "niet" et à la fin les producteurs de Gracie Films se sont déplacés et j'ai eu la chance de faire le casting à ce moment-là. J'ai fait des essais sur une version mexicaine (ndlr : en espagnol), c'était absurde parce qu'ils n'avaient que ça comme éléments. Le producteur de Gracie Films m'a dit "C'est pas un abruti total parce qu'il travaille dans une centrale nucléaire. Il a des responsabilités". Alors avec ces éléments j'en ai fait un personnage un peu sérieux, d'ailleurs je ne revendique pas trop le doublage d'Homer les trois premières années puisque que sa voix était trop proche de celle du grand-père. J'ai eu finalement le rôle sur le fameux "D'oh !" américain qui commençait par un D. Ayant mal entendu, j'ai cru que c'était un T ce qui donc devenu un "T'oh !" en français. Le "T'oh !" vient du bout d'essai et on l'a gardé au fil des années. J'ai donc été choisi sur une série de "T'oh !" (rires).

TSP : C'est quand même incroyable qu'on vous ait fait passer le casting avec une cassette en mexicain.
PP : Je pense qu'ils craignaient aussi le piratage. C'est le cas aujourd'hui quand on travaille sur des grands films. J'ai travaillé récemment sur un film pour Pixar, The Incredibles (ndlr : Les Indestructibles est réalisé par Brad Bird, l'un des scénaristes des Simpson) qui doit sortir au mois de novembre (ndlr : le 24 novembre). J'ai fait "Monsieur l'œuf" sur une copie de travail en noir et blanc avec inscrit "Property of Pixar". Voilà, je crois que Les Simpson étaient top secrets et que l'enjeu commercial était tel qu'on s'est retrouvé avec des cassettes mexicaines !

TSP : Pourtant à l'époque, je ne pense pas qu'ils avaient prédit que la série ferait un tel carton.
PP : Non, ils ne savaient pas du tout.

TSP : Vous avez donc été choisi pour interpréter Homer mais aussi Abraham et Otto. Qui a déterminé que vous alliez interpréter ces personnages.
PP : C'est Christian Dura. Il a voulu gardé le principe de l'équipe réduite et c'est donc pour cette raison qu'on joue plusieurs personnages. Pour le grand père, c'était évident que c'était la même voix que celle d'Homer, il y a une forte ressemblance. Par contre Otto, c'est très différent de la voix américaine puisque ce n'est pas Dan Castellaneta qui le double. De même, Véronique (ndlr : Augereau) double Patty et Selma et parfois même la maman de Marge. Aurélia (ndlr : Bruno) fait Lisa et Milhouse.

TSP : Il n'y a donc que Joëlle Guigui qui ne double qu'un personnage, en l'occurrence celui de Bart.
PP : Elle fait aussi Jimbo de temps en temps.

TSP : C'est donc les américains qui ont décidé de vous prendre ?
PP : Oui, tout à fait.

TSP : Et est-ce qu'ils ont eu du mal à trouver la bonne tonalité ?
PP : Non, parce qu'on était les plus proches de la version américaine et c'est pour cette raison qu'on a été choisis.

TSP : Ce qui est dingue, c'est qu'ils ne comprennent pas forcément le français, ça veut dire qu'ils ne fonctionnent qu'à l'écoute ?
PP : Qu'à l'oreille, exactement. Pour tous les essais que l'on fait, on essaie d'être le plus proche possible de la version originale.

TSP : Je me rappelle qu'en 1990 lorsque la série a été diffusée sur Canal+, c'était presque choquant parce qu'on n'était pas habitués à voir ce genre de série. Quand vous avez découvert la première fois Les Simpson, quelle a été votre première réaction ?
PP : Quand on a fait les essais, je me suis dit "ça ne marchera jamais en France". Des personnages à la peau jaune avec des cheveux bleus ça ne pourra pas marcher. En plus l'animation était très sommaire. J'y croyais pas du tout.

TSP : à l'époque, les moyens que vous aviez étaient les mêmes que ceux d'aujourd'hui?
PP : Oui, on a toujours eu des moyens confortables parce que dès le départ le budget nous permettait de bien travailler.

TSP : Est-ce que c'est Canal+ qui finance le doublage ?
PP : Non, Canal+ ne fait qu'acheter les droits à la Fox qui elle finance la version française.

TSP : Si on revient un peu aux personnages que vous doublez, est-ce que étiez fier d'avoir été choisi pour doubler Homer sachant qu'il était limité intellectuellement ?
PP : (Rires) Tout d'abord, pendant les trois premières années, il n'était pas le personnage principal de la série, c'était Bart. Devant la levée de boucliers aux états-Unis, Matt Groening a développé le personnage d'Homer parce qu'il ne fallait pas que les enfants américains s'identifient trop à Bart et à partir de là le personnage d'Homer a prit sa véritable autonomie en anglais comme en français. C'est à ce moment-là que les scénarios ont évolué et qu'on a pu le voir dans des situations un peu débiles et aussi constater qu'il était un beauf total et sympa. Du coup la voix que j'avais trouvé au départ a forcément évolué tout comme l'animation qui s'est complexifiée et la bande son enrichie. C'est donc à partir de là que la série est devenue culte.

TSP : Comment la voix d'Homer vous est-elle venue ? Est-ce que c'est suite à des conseils que vous a donnés Christian Dura ou elle est venue naturellement ?
PP : Gracie Films m'avait juste dit qu'Homer est un personnage qui parle dans la mâchoire et qu'il était un peu proche du singe. En parlant avec la mâchoire, il y a des intonations qui viennent naturellement et j'étais aussi très proche de Dan Castellaneta, au niveau du timbre de voix.

TSP : Comme vous le savez, des vrais fans francophones, Homer prend vraiment son envol à partir de la 4ème saison. Est-ce que vous seriez prêt si jamais on vous proposait de redoubler les premières saisons ?
PP : Complètement. ça dépend de la Fox, mais à mon avis ça ne se fera pas parce que ça coûterait trop cher et puis ça marche bien comme ça.

TSP : Et puis Fox France ne semble pas trop s'y intéresser.
PP : Non, pas vraiment parce que les DVD se vendent bien dans la zone francophone, ils savent bien que la version française accroche. Mais bon de là à redoubler les trois premières saisons, je ne pense pas. Et puis c'est comme le dessin et l'animation qui ont évolué. D'ailleurs il y a des épisodes que j'aime bien, ceux dans lesquels on montre les débuts des Simpson sur d'anciens dessins en noir et blanc, un peu tremblotants. Je crois qu'il faut prendre la version française de la même façon.

TSP : Est-ce que vous avez une marge d'improvisation pendant le doublage ou est-ce que vous êtes tenu de respecter vraiment la traduction de Juliette Vigouroux et Alain Cassard à la lettre ?
PP : Oui, bien sûr parce qu'il ne faut pas que ce soit une trahison de l'œuvre originale mais dès l'instant où l'on reste dans l'esprit des Simpson, on peut se permettre d'améliorer leurs textes. C'est d'ailleurs ce qui a fait le succès de la version française. On a trouvé des gimmicks qui revenaient assez souvent, comme le "pinaise" qui était écrit "punaise" au début. Il parle d'un "pitit", de la "bibiliothèque", un mot qu'il n'arrive pas à prononcer parce qu'il est compliqué. ça c'est propre à la version française. C'est vrai que ce sont des petits trucs que j'ai amenés dans l'interprétation d'Homer. Les mots sont écrits normalement sur les scripts et à partir du moment où je les joue différemment Juliette et Alain les traduisent comme je les ai interprétés. Je pense que ça reste dans l'esprit, c'est pas une trahison. Par exemple, dans un épisode (ndlr : Tennis la malice) il y avait des allusions à André Agassi et à Venus Williams, moi j'en ai fait à Barthez parce qu'on était en pleine coupe du monde et à Amélie Mauresmo. Dans un épisode où Bart mettait des chemises un peu bizarres et Homer avait peur qu'il soit gay (ndlr : La phobie d'Homer, mais l'allusion à Loana est en fait dans Homer fait la grève de la faim), on avait parlé de Laona au lieu de Loana. Voilà, ce sont des petits trucs qui suivent l'actualité et qui permettent de dater les épisodes. Je pense que c'est aussi bien de s'approprier la culture française et ce n'est pas trahir pour autant.

TSP : Comment vous préparez-vous avant une séance de doublage ?
PP : On découvre le texte quand on arrive. Je ne sais même pas de quoi parlent les épisodes qu'on doit doubler. Mais on connaît tellement bien les personnages que ce n'est pas un problème. Il nous arrive même de travailler dans le désordre pour des raisons de disponibilité de comédiens.

TSP : Est-ce que pour vous Homer est un personnage difficile à doubler ?
PP : Oui. Déjà la veille, on se couche tôt, surtout pour Marge. Comme ce sont des voix assez projetées, notamment celle du grand-père qui est sourd et qui parle un peu plus fort. Si on a fait la bringue la veille, la voix ne tient pas la journée. ça m'est d'ailleurs déjà arrivé d'annuler un enregistrement l'après-midi parce que ma voix ne tenait pas la route. Véronique, ça lui est déjà arrivé trois fois ! Une journée de Simpson c'est très fatiguant parce que ce sont souvent des voix projetées et en plus, c'est très précis au niveau de l'interprétation. ça demande beaucoup de précision et de concentration.

TSP : Comment faîtes-vous lorsque vous devez doubler deux personnages qui se parlent dans une même scène ?
PP : ça dépend, quand c'est pas trop compliqué à faire je les enchaîne sinon de façon générale, on enregistre Homer sur une piste et Abraham ou Otto sur une autre.

TSP : Est-ce qu'il vous est déjà arrivé de faire du mimétisme avec Homer inconsciemment?
PP : Oui, ça m'arrive quand je suis en voiture dans les embouteillages, je gueule comme un beauf "Bouge ta chiotte !" (Avec la voix d'Homer). ça me défoule (rires).

TSP : Avez-vous déjà profité de votre voix pour faire des blagues téléphoniques ?
PP : Non jamais. Peut-être qu'en caméra cachée ça serait rigolo !

TSP : Est-ce qu'il vous est déjà arrivé qu'une personne vous fasse remarquer que vous avez la même voix que Homer ou vous aborde pour vous demander un autographe ?
PP : Non, jamais car on travaille dans l'ombre. On n'est pas très médiatisé, sauf depuis la 15ème saison, peut-être !

TSP : Mis à part Homer, vous doublez également les personnages du grand-père et de Otto Bus. Est-ce que vous auriez eut envie de doubler d'autres personnages ?
PP : Non, pas vraiment car Homer est déjà un personnage déjà très présent.

TSP : Qu'est-ce que vous ressentez pour ces personnages ?
PP : J'ai beaucoup d'affection pour Homer, en plus c'est un personnage qui me fait rire. J'arrive à prendre suffisamment de recul pour me dire que ce n'est pas moi qui le double et ça me fait rire franchement quand je revois des épisodes. C'est le seul personnage que je double qui me fait cet effet. Les gags sont inattendus et ça me fait plus rire qu'un film comique. Il y a tellement de trouvailles. J'ai beaucoup aimé par exemple l'épisode dans lequel Homer mange un champignon hallucinogène (ndlr : Le mystérieux voyage d'Homer). Celui-là est génial, il m'a fait mourir de rire : Homer qui cherche son karma (rires), il y avait des références à 68, à toute l'époque baba cool. Il y a aussi un épisode avec des scènes érotiques avec Marge. C'est un épisode caché, ce qu'on ne vous a pas montré dans Les Simpson (ndlr : 138ème épisode, du jamais vu !). Il y en a aussi un très drôle dans la nouvelle saison. Les Simpson vont à Londres (ndlr : Homer entre dans la reine) et rencontrent Tony Blair et J.K. Rowling, Homer renverse le carrosse de la reine, il est condamné par un juge qui porte la perruque et il le prend pour une grand-mère (rires).

TSP : Il y a des scènes qui me reviennent et qui me font rire, notamment la scène où Homer est dans l'espace et il mange des chips sur la musique de 2001 : L'Odyssée de l'espace.
PP : Oui, c'est à mourir de rire.

TSP : Combien de temps vous consacrez chaque année au doublage de la série ?
PP : ça nous prend 10 jours de travail. On enregistre 2 épisodes et demi par jour, mais uniquement avec la famille et on passe environ 3 heures par épisode quand tout fonctionne bien.

TSP : Votre voix est aujourd'hui célèbre en France et dans les autres pays francophones grâce aux Simpson. Est-ce que le succès de la série vous a ouvert d'autres portes ?
PP : Oui, la série m'a un petit peu servi de carte de visite dans la mesure où les gens de la publicité s'en sont emparée un petit peu. Et puis le fait de faire la voix de Homer Simpson dans une séance de pub, ça impressionne toujours les gens. On va peut-être assister au festival d'Annecy l'année prochaine. On devait le faire cette année parce qu'il était question que Matt Groening vienne mais ça ne s'est pas fait. L'année prochaine, on va essayer de faire quelque chose de plus médiatique.

TSP : Matt Groening devait venir ?
PP : Oui, il était question qu'il vienne.

TSP : Vous êtes également directeur artistique sur des doublages.
PP : Oui, je dirige en ce moment la 3ème saison de 24 heures chrono. Je fais de plus en plus de direction artistique ce qui ne m'empêche pas de faire l'acteur. Je double Danny De Vitto, Mark Harmon (ndlr : Chicago Hope), Corbin Bernsen (ndlr : La Loi de Los Angeles) et il y en a aussi pleins d'autres !

TSP : Est-ce que vous êtes souvent invité dans des émissions télé ou radio ?
PP : Là ça a un petit peu bougé, on a participé récemment à l'émission Drôles d'équipes sur M6. On a aussi été invités sur quelques émissions radio comme celle de Ruquier (ndlr : On va s'gêner) l'année dernière. C'est Raphaël Mezrahi qui nous avait invités parce qu'il est fan des Simpson. Comme Ruquier ne connaît pas la série, on a fait un bide. à chaque fois, Mezrahi essaie de nous placer, il nous avait aussi invités à France Inter (ndlr : Dans une heure je mange chez ma mère le 25 août 1999), c'était plutôt sympa parce que c'était plus radiophonique.

TSP : Est-ce que vous avez déjà rencontré les gens de la production ou les doubleurs américains ?
PP : Jamais, on a aucun contact, on le regrette, peut-être cela se fera-t-il ?

TSP : Après 15 ans sur la série, on sent que vous prenez toujours autant de plaisir à doubler vos personnages, pourtant la série a pas mal évolué. Comment percevez-vous l'évolution de la série ?
PP : Je trouve qu'elle est toujours aussi critique vis-à-vis de Bush, et depuis la guerre en Irak, elle l'est encore plus vis-à-vis des républicains. à Hollywood, c'est quand même les démocrates qui sont majoritaires. Le politiquement incorrect se sent et ça c'est plutôt bien. Les épisodes que j'aime le plus et que je trouve par dessus tout attachants sont ceux qui ont trait à la cellule familiale, aux rapports parent-enfant, parce qu'ils parlent à toutes les générations, ce qui fait que la série plait aux plus petits comme aux plus grands et puis ça nous parle en France comme aux états-Unis. Par contre les épisodes où il y a des références typiquement américaines comme ceux avec le football américain ou le baseball nous parlent un peu moins.

TSP : Est-ce qu'il y a des répliques que vous n'auriez pas eu envie de doubler ?
PP : Non, j'en ai pas le souvenir. Des fois, il y a des gags qui fonctionnent mal en français et on essaie de les modifier pour qu'ils soient plus percutants.

TSP : Le doublage de la série est une vraie réussite. Est-ce qu'elle est due à la complicité que vous partagez avec les acteurs, notamment Véronique Augereau qui est votre femme. Est-ce que vous connaissiez les autres acteurs avant la série ?
PP : Oui, on se connaissait tous avant. Je connais Christian Dura depuis plus de 20 ans maintenant.

TSP : La licence des Simpson est une des plus rentables. Est-ce que vous touchez des royalties sur les produits dérivés qui sont vendus en France?
PP : Non, rien du tout.

TSP : Si ce n'est pas trop indiscret, pouvez-vous nous dire combien vous êtes payés pour le doublage de la série ?
PP : C'est dérisoire dans la mesure où on dépend d'une convention collective où tous les acteurs sont payés le même tarif. Plus on parle, plus on est payé. Le prix est fixé à la ligne, qui représente 50-55 signes et qui est rémunérée 34 francs depuis 1994. Et depuis on n'a jamais été augmenté !!

TSP : Vous êtes certainement au courant que les doubleurs de la série Friends ont essayé de demander une augmentation.
PP : Oui mais ça n'a pas marché parce qu'en fait c'était la dernière saison et France 2 n'a pas voulu céder. Peut-être qu'ils n'ont pas engagé la négociation dans les meilleures conditions.

TSP : Les doubleurs américains ont justement demandé une augmentation et ils l'ont obtenu.
PP : Oui, ça correspond à 300 000 euros par épisode. Ils ont calculé ce que la série rapportait notamment avec les produits dérivés.

TSP : Depuis quelques années la Fox sort les saisons complètes en DVD. Est-ce qu'ils vous ont contacté pour d'éventuels bonus ?
PP : Non jamais, je trouve ça un peu dommage. Par contre, j'ai été contacté pour faire la pub pour la sortie du DVD, mais c'est tout.

TSP : Pourriez-vous nous expliquer selon vous les raisons pour lesquelles Les Simpson sont plus populaires dans d'autres pays européens comme l'Espagne ou la Belgique qu'en France ?
PP : En Belgique, c'est la version française. Je crois que la version espagnole est pas mal, la version allemande est une catastrophe, ça ne marche pas du tout, ce n'est pas dans leur esprit.

TSP : La Fox organise dans les pays anglo-saxons des spectacles "In the flesh" qui consistent à regrouper toute l'équipe du doublage et technique et de doubler un épisode en direct devant des spectateurs. Pensez-vous qu'un jour on pourrait voir ça en France ?
PP : Pourquoi pas ? ça serait rigolo. On pourrait faire ça au Grand Rex (ndlr : cinéma mythique de Paris).

TSP : Est-ce que vous essayez d'être proche des fans des Simpson ?
PP : Non, ça se passe au jour le jour. On reçoit parfois des appels très gentils de personnes qui nous félicitent. On fait aussi des séances de dédicaces de DVD et c'est plutôt sympa quand on a des retours alors qu'on travaille dans l'ombre. Sinon, on va retourner au salon du jouet au mois de novembre.

TSP : Est-ce qu'il y a des projets que vous souhaiteriez voir se réaliser, comme par exemple des albums de chansons qui sont sortis aux états-Unis. Est-ce que vous vous prêteriez au jeu de reboubler les chansons ?
PP : Tout à fait. J'y avais pensé à un moment donné. J'avais avancé le projet parce qu'il y avait le rap d'Homer. J'avais lancé l'idée mais on s'est heurté à des problèmes de droits et on a laissé tombé. ça aurait pu être bien de sortir un single, en se donnant les moyens, avec la version française d'Homer. On a quand même eu quelque chose sur le disque de Doc Gyneco (ndlr : la chanson C'est nous de l'épisode Homer le grand a été utilisée sous le titre L'interlude des Simpsons dans l'album Liaisons dangereuses).

TSP : Vous avez aussi doublé des jeux vidéo. Comment ça se passe ?
PP : On en a effectivement doubler deux (ndlr : The Simpsons Skateboarding et The Simpsons Hit & Run). Le doublage est par contre plus fastidieux parce qu'on enregistre des fichiers sans avoir les images correspondantes. Il y a juste un timing à respecter.

TSP : Est-ce qu'il vous arrive de revoir des épisodes chez vous et est-ce que vous les enregistrez ?
PP : Oui je les ai enregistré jusqu'à la 10ème saison et après j'ai laissé tombé parce que Canal+ diffusait dans n'importe quel ordre, j'en ai eu ras-le-bol. Maintenant il y a les DVD qui sortent.

TSP : Est-ce que vos enfants sont fiers d'avoir un père qui ressemble presque à Homer ?
PP : Oui, ils sont très fiers et sont fans de la série. J'ai une fille qui a 22 ans et c'est vrai qu'au lycée, ça a toujours été "Ah, ton père fait Les Simpson.", "Tu dois vivre dans un dessin animé, ça doit être génial.".

TSP : Ils sont également intéressés par le doublage ?
PP : Oui, mais il n'en font pas. On n'y tient pas trop. On a une fille qui a 10 ans et demi, si elle a une vraie demande, pourquoi pas ?

TSP : Quelle est votre actualité ?
PP : Je vais terminer au mois de septembre la 3ème saison de 24 heures chrono. Sinon, il y a également Edgar de la cambriole qui va sortir au mois de septembre, le DVD collector et il y a un petit reportage sur la version française dans les bonus.

TSP : Est-ce que vous avez un épisode préféré ?
PP : Oui, mon épisode préféré c'est Le mystérieux voyage d'Homer, et j'aime bien lorsque Homer passe dans la troisième dimension en image de synthèse (ndlr : Les Simpson Spécial Halloween VI). J'aime aussi les Halloween en général, sauf quand il y a les aliens.

TSP : Pour finir, nous vous avons préparé un petit quiz pour tester vos connaissances Simpsonesques. Comment s'appelle le magasin où travaille Apu ?
PP : Je ne sais pas. Le bazar ?
TSP : C'est le Mini-marché. Quel est le nom de famille de Milhouse ?
PP : Van Houten.
TSP : Qui est Cletus ?
PP : C'est pas un copain de Barney ? Il travaille à la centrale avec Homer.
TSP : Non, c'est le pèquenaud. Dans quel genre de magasin travaille Ned Flanders ?
PP : Il travaille dans un magasin pour gauchers. C'est rigolo aussi le fait qu'ils aient fait mourir la femme de Flanders.
TSP : Oui, certains fans se demandent si c'était vraiment utile. Dans quel épisode Homer dit à Lisa "Lisa, je sais que les petites filles de ton âge veulent rouler en limousine mais les pères doivent savoir dire non parfois. Tu vas devoir prendre le bus." ?
PP : Non je ne vois pas.
TSP : C'est dans l'épisode Le bus fatal.
PP : Ah, d'accord.

TSP : Merci encore de nous avoir accordé cette interview.

» Cette interview a été réalisée par Neotheone et Bart le Tombeur le 6 juillet 2004.

Article publié le 6 juillet 2004 par Neotheone et Naglafar.
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